GOUVERNER PAR LES MAUX
Santé, médecine et discours politico-médical à la cour de Marie de Hongrie (1531-1558)
La santé apparaît comme une composante essentielle à la compréhension de l’édification du pouvoir de Marie de Hongrie aux Pays-Bas durant sa régence. La maladie est en effet l’objet permanent d’une communication politique ambigüe : aveu d’épuisement physique résultant de troubles physiologiques chroniques (traités dans le cadre d’une médecine de cour) mêlés à la détention de hautes fonctions politiques, elle est aussi et surtout l’expression d’une vitalité décelée dans l’instauration d’une praxis faisant de la faiblesse physique un artifice rhétorique utilisé pour optimiser les conditions difficiles de la détention du pouvoir dans un siècle théorisant l’exclusion juridique et sociale des femmes. Loin d’être le frein traditionnel du pouvoir, la santé semble au contraire avoir aménagé les conditions de son succès avéré. Sur base d’ un corpus d’archives inédit et varié (correspondance, comptabilité, sources normatives, sources littéraires et sources diplomatiques) notre projet doctoral vise à faire la lumière sur les mécanismes et l’environnement d’un pouvoir féminin encore assez méconnu mais néanmoins porté par l’historiographie récente.
Image: Vermeyen Cornelisz Jan (copie d’après), Mary (1505-1558), Queen of Hungary (huile sur bois), New York, Metropolitan Museum of Arts, s.d.